Mettre fin aux mythes : top 10 des idées reçues sur le burn-out

Introduction

« C’était comment les vacances ? », lancé à un collègue qui rentre de congé maladie suite à un burn-out. « Tu es trop perfectionniste », « Tu prends tout beaucoup trop à cœur », « Tu devrais te reposer ». Tu as déjà entendu ça quelque part ? Ces réflexions maladroites reflètent des idées reçues sur le burn-out. Le syndrome de l’épuisement professionnel est une maladie encore mal comprise. Chacun a son lot de préjugés sur le burn-out, mais ces clichés peuvent te faire culpabiliser, et même ralentir ton processus de guérison. Il est temps de mettre fin à tous les mythes sur l’épuisement professionnel.

Mythe n°1 : Les personnes en burn-out sont faibles et trop sensibles

C’est faux. Le burn-out n’est pas une question de force mentale ou de sensibilité. C’est pourtant une idée reçue très répandue. Les personnes souffrant d’un burn-out seraient plus émotives et moins fortes mentalement. Les études scientifiques sur le sujet démontrent exactement le contraire. Ce sont les personnes les plus investies dans leur travail, les plus actives, les plus performantes qui sont le plus à risque de s’épuiser au travail.

L’épuisement professionnel est le résultat d’une multitude de facteurs, tels que le manque de soutien et de cohésion d’équipe, un sentiment d’injustice, le manque de reconnaissance, l’impossibilité de bien faire son travail, le décalage entre ses valeurs et celles de l’entreprise, etc. Développer un burn-out n’est en rien un signe de faiblesse.

Mythe n°2 : Le stress et le burn-out, c’est la même chose

Le burn-out est le résultat d’un stress prolongé, d’une période en hyperactivité sur le long-terme. Le stress est une réaction immédiate à une situation précise. Le stress retombe ensuite, une fois la situation apaisée. Dans le cas d’un burn-out, la situation stressante s’installe pour de bon dans le quotidien. Le burn-out peut être décrit comme un pic de stress continu, prolongé, et qui finit par t’épuiser totalement.

Mythe n°3 : Les personnes en burn-out sont perfectionnistes

On reproche souvent aux personnes en burn-out d’être trop exigeantes envers elles-mêmes et de se mettre trop la pression. En d’autres termes, on leur reproche d’être perfectionnistes. Il est vrai que certaines personnes possèdent ce trait de personnalité, mais résumer le burn-out au perfectionnisme est un raccourci. Beaucoup de profils cherchent simplement à « bien faire leur travail ». D’un côté, l’envie de bien faire, de s’engager dans son travail et se sentir responsable pour ses patients, ses clients ou ses missions. D’un autre côté, l’impossibilité de faire son travail correctement, des conditions de travail dégradées, une pression constante de la hiérarchie. Ce décalage engendre un risque très élevé de burn-out. Mais attention, prendre à cœur son travail, ce n’est pas être perfectionniste !

Mythe n°4 : Les horaires de travail excessifs mènent au burn-out

Les horaires de travail jouent un rôle dans le surmenage. Travailler jusqu’à tard le soir, les week-ends et pendant les vacances n’aident pas, c’est certain. Mais ce facteur ne peut pas mener au burn-out à lui seul. Imaginons, un contexte dans lequel les heures de travail sont réduites, mais la charge de travail reste la même. Bien que les horaires soient réduits, le risque de surmenage et d’épuisement professionnel est plus élevé qu’auparavant.

Comme largement décrits par la « mère du burn-out », la psychologue américaine Christina Maslach, d’autres facteurs environnementaux jouent un rôle plus important dans l’apparition d’un burn-out :

  • la surcharge de travail et la complexité des tâches ;
  • l’absence de contrôle et la non-maîtrise sur ses activités ;
  • le manque de ressources ou de formation appropriée pour réaliser son travail.
  • le manque de récompenses et de reconnaissance pour les efforts fournis, l’absence de soutien social et de cohésion d’équipe ;
  • le sentiment d’injustice ou de non-équité entre salariés ;
  • le décalage entre les valeurs de l’individu et celles de l’entreprise.

Prenons l’exemple des médecins et du personnel hospitalier habitués à enchaîner de longues journées de travail. Les études montrent que le burn-out chez les médecins n’est pas directement lié aux longues heures de travail, mais plutôt à l’impossibilité de soigner correctement, aux mauvaises pratiques managériales, ou encore aux pressions économiques sur le système de santé.

Mythe n°5 : Le yoga, la méditation et le sport peuvent soigner un burn-out

L’activité sportive permet d’évacuer le stress et les tensions physiques. Les exercices de respiration et la méditation favorisent le sommeil et la récupération. Le yoga, la méditation et le sport sont donc de précieux alliés bien-être. Ils peuvent aider à prévenir l’épuisement au travail, mais pour soigner un burn-out, il faut aussi s’attaquer à la racine du problème : un environnement de travail toxique.

Seul un changement, ou un aménagement, des conditions de travail peuvent remédier à un burn-out. De plus, l’accompagnement de professionnels de la santé est essentiel pour se remettre d’un burn-out. Yoga, méditation et activité sportive, oui, mais pas que.

Mythe n°6 : Le burn-out professionnel n’affecte que le travail

Le burn-out survient dans la vie professionnelle, mais toutes les sphères de la vie sont affectées : les relations amicales, le couple, la parentalité, etc. Penser que les problèmes de travail ne passent pas la porte d’entrée de la maison est une illusion. La frontière entre vie professionnelle et personnelle est même de plus en plus floue. Les chercheuses américaines Maslach et Jackson définissent le burn-out comme « un syndrome d’épuisement émotionnel, de dépersonnalisation et de réduction de l’accomplissement personnel qui apparaît chez les individus impliqués professionnellement auprès d’autrui ». Toutes les facettes d’une vie sont affectées par un burn-out.

Mythe n°7 : Les personnes en burn-out veulent des vacances

C’est tout l’inverse ! Il est très difficile d’accepter un arrêt maladie pour les personnes en burn-out. Elles sont précisément en état d’épuisement parce qu’elles luttent depuis des mois pour tenir le coup. Elles aiment leur travail, ne veulent pas lâcher leurs patients et abandonner leurs clients. À vrai dire, il est souvent compliqué de rester à la maison « à ne rien faire » pour les victimes de burn-out.

Mythe n°8 : Une semaine de congé est suffisante pour récupérer d’un burn-out

Malheureusement, non. Ce serait trop simple. Une journée de repos, une bonne nuit de sommeil, et même une semaine de vacances ne sont pas suffisantes pour se remettre d’un burn-out. Lorsqu’on est victime de ce syndrome d’épuisement, on n’est plus capable de rien, même pas de prendre soin de soi-même. Le burn-out est un épuisement total tant sur le plan émotionnel, que physique et mental.

C’est toujours une bonne idée de prendre quelques jours de congé, mais ça ne sera pas suffisant pour récupérer. Il faut aussi chercher du soutien et de l’aide qualifiée autour de toi : un accompagnement médical et le soutien de proches. Le médecin du travail et ta hiérarchie doivent aussi être intégrés au processus de guérison pour revoir tes missions et tes responsabilités au travail.

Mythe n°9 : Les managers sont plus exposés au burn-out

Les cadres sont environ 20% à être impactés par le burn-out, selon le cabinet Technologia. Les managers subissent beaucoup de pression au travail, mais ils ne sont pas les seuls. Toutes les professions et tous les niveaux hiérarchiques sont touchés par le burn-out. Selon une étude récente d’Empreinte Humaine, au moins 3 salariés sur 10 sont en burn-out en France. Les médecins, les soignants et les aidants y sont particulièrement exposés. Selon plusieurs études sur le sujet, le burn-out pourrait même toucher près de la moitié du personnel hospitalier.

Mythe n°10 : On ne se remet jamais complètement d’un burn-out

C’est faux. Le burn-out se soigne. Mais le processus de récupération peut être long, certaines personnes mettent même plusieurs années à se remettre complètement d’un burn-out. Ce sentiment de désespoir et d’accablement est passager s’il est pris en charge correctement. Fais-toi accompagner par des professionnels de la santé, médecins et psychologues pour guérir du burn-out.

Conclusion

Fini les idées reçues sur le burn-out. Il est temps d’arrêter de faire culpabiliser celles et ceux qui en sont victimes. Trop sensible, trop perfectionniste, trop stressé, trop ceci ou pas assez cela. Tu connais maintenant les préjugés les plus répandus sur le syndrome de l’épuisement professionnel, n’hésite pas à les partager pour déconstruire ces mythes.

Sources

Christine Maslach & Michael P. Leiter. (2011). Burn out – Des solutions pour se préserver et pour agir. Éditions Les Arènes.

Maslach C., Jackson S., Leiter M. (1997). The Maslach Burnout Inventory Manual.

Steven Moffic, H. (2022). Too many works hours cause burnout. Psychiatric Times. https://www.psychiatrictimes.com/view/a-burnout-myth-too-many-work-hours-cause-burnout

Marlène Schiappa. (2015). Burn-out: 10 idées reçues sur l’épuisement. Huffington Post. https://www.huffingtonpost.fr/life/article/burn-out-10-idees-recues-sur-l-epuisement_51806.html

Aude Selly. (2022). Autopsie d’un burn-out. Éditions Dunod.

Jean-Claude Delgenes, Agnès Martineau-Arbes, Bernard Morat. (2017). Idées reçues sur le burn-out. Éditions Le Cavalier Bleu.

Empreinte humaine, Crise, télétravail… le nombre de burn-out sévères continue d’exploser. (2021). Capital avec Management. https://empreintehumaine.com/capital-crise-teletravail-le-nombre-de-burn-out-severes-continue-dexploser/

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