Comment détecter les signes précurseurs du burn-out ?

Introduction

En France, 1 salarié sur 10 est touché par le burn-out. Sentiment d’échec, épuisement, lassitude au travail ? Il est possible que toi aussi, tu sois touché par le burn-out. Tu t’inquiètes pour un collègue de travail, ou une amie, qui semble tomber dans le burn-out ? Je t’explique ce qu’est le burn-out et quels sont les signes avant-coureurs pour que tu puisses reconnaître cette maladie professionnelle qui touche de plus en plus de travailleurs.

Qu’est-ce que le burn-out ?

1. Définition générale du burn-out ?

Aujourd’hui, le stress est le problème de santé numéro 1 au travail selon L’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail. Le burn-out ne doit pourtant pas être confondu avec le stress. Cette maladie englobe le symptôme du stress, mais va beaucoup plus loin. En français, on parle de syndrome d’épuisement professionnel. La définition couramment utilisée est celle des chercheurs Maslach et Jackson qui décrivent le burn-out comme « un syndrome d’épuisement émotionnel, de dépersonnalisation et de réduction de l’accomplissement personnel ».

Les personnes en situation de burn-out sont susceptibles de ressentir des émotions négatives telles que l’anxiété, la frustration, la colère, un manque d’entrain, une irritabilité, etc. Il faut rappeler que le burn-out est une maladie liée au travail et qu’elle peut se manifester de manière très différente d’une personne à l’autre. Cela peut aller d’une hypersensibilité à une absence d’émotion. La santé mentale des personnes en burn-out est fortement dégradée. Dans ces formes les plus sévères, le burn-out peut même mener à la dépression.

2. Trois points pour comprendre le syndrome d’épuisement professionnel

On parle d’épuisement au travail de manière générale, mais en réalité le burn-out s’avère un peu plus complexe que cela. Le burn-out, plus qu’un état mental, est un processus au cours duquel le rapport au travail se détériore. Voici les 3 volets du burn-out selon la psychologue américaine Christina Maslach.

a. L’épuisement émotionnel

Le premier volet du burn-out est le sentiment d’un épuisement total à la fois sur le plan émotionnel, physique et psychique. Tu te sens vidé et les temps de repos, comme les pauses, les week-ends et les vacances, ne sont pas suffisants pour te remettre sur pieds. En clair, tu es à plat et tu n’arrives plus à recharger les batteries. 

b. Le cynisme vis-à-vis du travail

Le burn-out se manifeste aussi à travers une attitude négative et dure. Tu adoptes une relation à l’autre déshumanisée et détachée, que ce soit vis-à-vis des collègues ou des clients. Tu te désengages de ton travail et tu t’éloignes de tes proches, sans forcément t’en rendre compte. Ce cynisme est une sorte de protection contre un environnement professionnel très exigeant.

c. L’échec professionnel

L’une des caractéristiques du burn-out est la perte de l’accomplissement personnel au travail. Tu as alors le sentiment de ne plus être à ta place au travail, d’être inefficace, et tu n’arrives plus à donner du sens à ton boulot.

Les signes précurseurs du burn-out

Maintenant que tu sais ce qu’est le burn-out, il est plus facile de repérer les signes précurseurs de cette maladie. Tu vas mieux pouvoir détecter le burn-out grâce à cette liste de symptômes cumulatifs.

1. Les manifestations émotionnelles

Émotionnellement, tu te sens en perte de contrôle et cela se ressent par de la tension nerveuse, des peurs, voire de l’anxiété. L’épuisement émotionnel se manifeste aussi par un manque d’entrain et un état de tristesse. Les formes d’expression de cet épuisement peuvent se révéler différemment à travers une irritabilité, une hypersensibilité ou au contraire un manque d’émotion.

2. Les manifestations physiques

Les troubles du sommeil, une fatigue chronique et les tensions musculaires sont les signes physiques les plus couramment observés. Pour certaines personnes, le burn-out se manifeste physiquement par un changement de poids, des douleurs dorsales, des maux de tête, ou encore des vertiges.

3. Les manifestations cognitives

Le manque de concentration, le fait d’être distrait et d’avoir du mal à prendre des décisions sont des manifestations cognitives du burn-out.

4. Les manifestations comportementales

La frustration professionnelle impacte les relations personnelles, avec une tendance à se replier sur soi, à développer des comportements violents et agressifs. En termes généraux, la personne en burn-out ressent moins d’empathie et peut même ressentir de l’hostilité envers les autres dans sa sphère professionnelle.

5. Les manifestations liées à l’attitude

L’état de lassitude et le manque de motivation entraîne un désengagement dans le travail. La personne qui souffre de burn-out remet en question son système de valeurs et se remet en cause professionnellement jusqu’à être incapable de continuer à faire son travail comme avant.

Les facteurs de risque du burn-out

Pas toujours facile de différencier le burn-out, d’un état d’anxiété ou dépressif. Pour rappel, le burn-out résulte d’une multitude de risques psychosociaux au travail. Cette maladie professionnelle peut donc s’expliquer par des facteurs individuels, tels que la personnalité, les valeurs et la capacité à gérer le stress, et aussi par un contexte professionnel spécifique. Ici, on entre dans les détails de ce deuxième volet comme détaillé dans le rapport Gollac.

1. Les exigences du travail

L’intensité et le temps passé au travail ainsi que la complexité des tâches demandées et les objectifs flous ou irréalisables contribuent au stress et au sentiment d’incompétence. Les études montrent que la charge de travail joue un rôle clé dans le burn-out des salariés. Il faut alors prendre en compte la charge de travail objectif et la charge de travail mentale, en d’autres mots la pression (ou l’envie) de bien faire.

2. Les exigences émotionnelles

On retrouve aussi la pression émotionnelle comme risque fort de burn-out. Par exemple, le contact avec les personnes en détresse, les clients mécontents, tout comme les violences verbales, contribuent à l’épuisement sur le plan émotionnel.

3. Le degré d’autonomie

Le manque de marge de manœuvre au travail peut être un facteur de risque du burn-out. Les contraintes de rythme de travail, les exigences organisationnelles, de même que le sentiment de ne pas pouvoir faire ses preuves et de ne pas pouvoir faire usage de ses qualités et de ses compétences au travail sont des facteurs de risque.

4. Les mauvaises relations au travail

Un environnement de travail toxique induit par l’absence de collectif et de solidarité entre collègues, le manque de clarté des objectifs, des violences verbales ou physiques au travail et le manque de retours et de reconnaissances de la hiérarchie et des pairs sont des facteurs de risque psychosociaux au travail qui peuvent entraîner un burn-out.

5. Les conflits de valeur

La personne ne comprend plus la pertinence de son travail et remet en question le sens et les valeurs qui étaient attribuées à son boulot. En clair, tu as l’impression de faire un travail inutile qui n’est pas aligné à tes valeurs.

6. L’insécurité au travail

La peur de perdre son emploi, l’incertitude d’un contrat, la peur de devoir changer de métier sont des aussi de facteurs qui peuvent favoriser un burn-out.

Comment détecter le burn-out ?

Commençons par le plus simple. Voici un questionnaire pour identifier les premiers signes d’un burn-out :

  • Tu sens un désinvestissement dans ton travail ? Un manque d’énergie et de motivation pour faire ton job ?
  • Tu as des problèmes pour te concentrer dans un cadre professionnel ? 
  • Tu te sens épuisé émotionnellement au travail ?
  • Tu te désinvestis de la relation à l’autre au travail (collègues, clients, fournisseurs) ?

Tu te reconnais dans les situations présentées ? Tu as identifié ces traits de comportement chez l’un de tes proches ? C’est la première étape pour identifier un burn-out.

Il existe aussi des tests pour détecter et mesurer un burn-out comme les questionnaires MBI (Maslach Burnout Inventory) et CBI (Copenhagen Burnout Inventory) qui sont les plus largement utilisés dans les études publiées dans les revues scientifiques.

Le mieux pour repérer un burn-out est d’être attentif aux changements de comportements de ses proches, au travail comme à la maison. Le burn-out est une maladie professionnelle déclenchée par l’environnement de travail mais qui empiète très vite sur la sphère privée. Les amis et les membres de la famille sont donc en première ligne pour détecter les signes des débuts d’un burn-out. Une personne habituellement très sociable qui commence à s’isoler ou quelqu’un qui a choisi son métier pour le contact humain et qui commence à « déshumaniser » ses clients sont des signaux qui doivent alerter. 

Tu reconnais ces signes annonciateurs chez l’un de tes proches ? N’attends pas pour lui en parler. L’objectif est d’encourager la personne en début de burn-out à en parler avec son manager et le service des relations humaines pour identifier les situations facteurs de stress au travail. Enfin, il est essentiel d’être rapidement pris en charge par un professionnel de la santé pour lui apporter de l’aide.

Conclusion

Tu l’auras compris, le burn-out peut prendre différentes formes selon la personnalité de chacun et de l’environnement professionnel où il s’est développé. Tu connais maintenant les symptômes et les signes annonciateurs d’un burn-out. À toi d’être vigilant pour déceler les signaux d’alerte le plus tôt possible pour toi ou chez un proche. Le syndrome d’épuisement professionnel est une maladie qui peut être soignée, et prendre conscience de son burn-out est la première étape.

Sources

L’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail – https://osha.europa.eu/fr

Christine Maslach & Michael P. Leiter. (2016). Burn out – Des solutions pour se préserver et pour agir. Éditions Les Arènes.

Christine Maslach & Michael P. Leiter. (2000). The Truth About Burnout: How Organizations Cause Personal Stress and What to Do About It. Éditions Jossey-Bass

Michel Gollac et Marceline Bodier. (2010). Mesurer les facteurs psychosociaux de risque au travail pour les maîtriser. Rapport du Collège d’expertise sur le suivi des risques psychosociaux au travail, faisant suite à la demande du Ministre du travail, de l’emploi et de la santé. https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_SRPST_definitif_rectifie_11_05_10.pdf

Publications similaires